Vous êtes nombreux à rencontrer ce problème d’aboiements de votre loulou dans le jardin. Je vais me cantonner aux aboiements du jardin, mais la plupart de mes conseils seront tout à fait adaptables en intérieur. Les aboiements en réaction à la sonnette ne seront pas traités ici.
Sachez d’abord que chez moi, il y a une « aboyeuse professionnelle » (qui a été abandonnée pour cette raison), donc, je sais ce que vous vivez.

POURQUwouah ?

 

Pour commencer, j’ai une bonne nouvelle : aboyer pour un chien est NORMAL ! Et oui, un chien, ça aboie. Dingue, non ?

L’aboiement fait partie des nombreux signes de communication canins. Il faut l’accepter et nos anciens vous diront souvent « Oh mais c’est normal qu’il aboie, c’est un chien ! ». Vive la sagesse de nos vieux ! Remarquez qu’à la campagne (la vraie), on tolère bien plus les aboiements… Ah la nature !
C’est normal qu’un chien aboie dans un jardin, comme c’est normal qu’un enfant crie ou joue bruyamment dans le salon à certains moments de la journée, ou qu’une grenouille coasse dans sa mare.

Mais c’est aussi normal qu’ à 23h, on aime que la grenouille se taise ; qu’au bout de 30 min (je suis laaarge!) de cris d’enfants, on ait envie qu’ils baissent d’un ton ; et qu’après avoir entendu son chien aboyer pendant quelques minutes (secondes?), on souhaite qu’il arrête. Ouf !

Avant de commencer à vous expliquer en détail pour quelles raisons vos chiens aboient et comment l’éviter au maximum, j’aimerais que vous vous posiez la question suivante en essayant d’y répondre le plus honnêtement possible :
« Pourquoi ai-je envie que mon chien n’aboie plus (ou aboie moins) ? ».
En effet, réfléchir à la vraie raison vous aidera à régler le problème plus facilement. Si c’est juste à cause des voisins, ou si vous sentez que votre chien est mal, ce n’est pas la même chose et vous n’aurez pas la même attitude face au souci.

Afin de pouvoir travailler sur les aboiements de votre chien, il va falloir déjà analyser le pourquoi de ses aboiements. Selon la raison, le travail ne sera pas le même.

les aboiement

Un chien aboie pour 4 raisons principales :

– il garde et avertit les siens
– il a peur
– il est excité, frustré, en demande d’attention
– il s’ennuie

Les raisons peuvent aussi être multiples ou varier bien sûr, selon les situations ou les moments de la journée.

Les solutions

 

Avant toute chose, ce qui ne marche pas :

– crier sur le chien.

En effet, pour loulou, c’est comme si vous aboyez avec lui, et en plus, même si ça peut le stopper sur le coup, il recommencera la fois suivante car n’aura pas compris. Inutile de vous agacer donc.

– lui mettre un collier anti-aboiements. Douleur pour l’électrique. Effet de surprise brusque (parfois tétanisant pour un chien sensible) en plus d’éventuels dégâts sur le flair du chien avec celui à jet de citronnelle.
Et une fois le collier enlevé, c’est pire (cf ma chienne qui a eu ce type de collier électrique dans son ancienne maison), le problème est donc loin d’être résolu.

Ok, alors, comment faire ?

Nous allons commencer par la dernière raison puis remonter jusqu’à la première.

 

1) Votre chien aboie quand il s’ennuie.

Si ses besoins (qui peuvent être conséquents selon le type de chien, sa personnalité, son âge, le moment de la journée…) ne sont pas comblés, ou qu’il est laissé trop souvent seul dans le jardin, votre chien va essayer de s’occuper comme il peut : creuser, détruire, aboyer. Ses aboiements ont plusieurs effets pour lui. Ils peuvent lui apporter des interventions extérieures (vous, des voisins, des oiseaux…) mais ils peuvent être aussi une sorte de « plaisir physique » (plus j’aboie, plus j’ai des sensations).

Travail à faire :

– faire un point objectif sur les besoins de votre chien (besoins d’activités physiques, intellectuelles, olfactives, masticatoires, besoins de contacts congénères, humains) et ne pas hésiter à augmenter vos réponses à ces besoins.
– ne pas laisser votre chien seul dehors ou du moins, pas trop longtemps et le rentrer avant qu’il n’aboie (et on récompense) ou dès qu’il commence (dans ce cas, on le rentre sans récompense et sans s’énerver).
– n’oubliez pas de féliciter votre chien lorsqu’il est resté quelques minutes dehors sans aboyer puis faites le rentrer ou jouez avec lui.

 

2) Votre chien aboie car il est excité, frustré, en demande d’attention

Ce type d’aboiement est très souvent facilement identifiable. Il s’agit d’un aboiement très insistant, toujours le même son sur le même rythme, histoire de bien vous taper sur les nerfs.
Si cet aboiement est d’abord le fait d’une émotion, il devient aussi une « arme » pour votre chien afin d’obtenir ce qu’il souhaite.
Votre chien a « appris » qu’en vous demandant de cette manière quelque chose (jouer, sortir, manger, entrer…), il avait votre attention et bien souvent ce qu’il voulait, et rapidement en plus !

Travail à faire :

– ne plus donner si c’est demandé de cette manière (un peu de politesse voyons!). Mais attention ! Ne plus donner dans ces conditions là, c’est ne plus donner. Jamais. Et tout le monde dans la maison!
– Mais pour éviter une trop grande frustration, il faudra bien sûr, en amont, permettre à votre chien de gérer ses émotions et lui apprendre à renoncer. C’est souvent ce qu’on appelle le travail des « auto-contrôles ». Je ne m’étendrai pas sur les détails sur ce travail qui fera l’objet d’un autre article.
– en attendant que les émotions soient gérées, ne restez pas statiques en en prenant plein les oreilles. Levez-vous, partez, changez de pièce, lentement, tout en détournant le regard voire même le corps entier et sans rien dire.
– soyez attentif à donner ce que souhaitait le chien (ou une autre attention si ce qu’il voulait n’est pas possible) dès que les aboiements cessent pour bien que le chien comprenne que c’est lorsqu’il se tait qu’il obtient.

 

3) Votre chien a peur

Ici, votre chien va aboyer car il est submergé par une émotion négative et qu’il veut souvent faire fuir ce qui lui fait peur.

Travail à faire :

Bien entendu, le travail se fait intégralement en amont sur les peurs du chien. Je vous prépare un article sur la peur prochainement.
Ce qu’il faut retenir c’est qu’un chien craintif ne doit pas être mis en immersion au milieu de ce qui lui fait peur. Vous devez le mettre à distance de l’objet de ses craintes afin de faire redescendre l’émotion. Une désensibilisation aux objets de sa peur doit être entreprise.
Surtout, ne criez pas ! Vous pouvez le rassurer à la voix mais sans excès. Pour certains chiens et certains humains, le fait de rajouter des mots, des phrases, empreintes d’émotion a l’effet « j’en rajoute une couche ». Utilisez plutôt avec votre corps qui se détourne et s’assouplit (en langage chien « tout va bien »).
Un chien qui aboie par peur ne doit pas être laissé seul face à elle, donc pas seul dans le jardin.

 

4) Votre chien garde ou vous avertit

Des passants, avec ou sans chien, une voiture qui ralentit, un livreur ou le facteur, parfois juste le bruit de ces derniers, à peine perceptible par nos oreilles humaines, mettent loulou dans tous ses états et déclenchent une volée d’aboiements.
Votre chien joue son rôle de chien. Ce rôle que l’homme lui a attribué depuis la nuit des temps et qu’aujourd’hui, il est bien en peine de lui ôter. Certaines races ont plus tendance à « garder » que d’autres, il faut aussi le savoir quand on les choisit pour éviter les mauvaises surprises.

Et pourtant, ces aboiements sont parfois bien pratiques quand on est au fond du jardin et qu’on n’a pas vu le facteur arriver avec son recommandé. Ils sont aussi souvent rassurants quand on habite un lieu isolé ou qu’une série de cambriolages a eu lieu dans le quartier. Mais on voudrait que ce soit juste « quand on a besoin ».
Malheureusement, un chien n’est pas télécommandé et on ne peut pas non plus le débrancher.
Alors que faire pour « limiter les dégâts » auditifs ?

Travail à faire :

– ne pas laisser le chien seul dans le jardin pour éviter la garde +++ (et la plainte des voisins) et pour éviter qu’il se complaise dans cette option choisie : quelqu’un passe, j’aboie.

– poser des brise-vues sur la clôture peut aider mais n’est pas suffisant

– ne pas le laisser se précipiter sur le portail ou le grillage et pour cela, travailler en longe dans le jardin. Plus de chien libre dans le jardin tant que le travail n’est pas abouti (ah oui, ça demande du boulot!)

– récompenser loulou (« Ouiii, c’est biiien loulou tu te tais » ) quand il n’a pas aboyé au passage d’un voisin ou autre !!!

– lui indiquer que vous avez vu et entendu et le remercier. « Ok loulou, j’ai vu, c’est bon. » par exemple.

– lui apprendre le « Tu arrêtes » :
Quand votre chien aboie, à un moment donné il va s’arrêter pour reprendre son souffle ou faire une pause pour attendre votre réaction. Ce moment dure 1 à 2 sec maximum, alors, il ne faut pas le louper ! Observez votre chien et vous apprendrez à reconnaître cet instant où il va faire sa pause. C’est à ce moment précis qu’il faut dire « Loulou, tu arrêtes ? » (ton interrogatif et sympa). Si il réagit par une oreille qui bouge, une tête qui se tourne légèrement, une déglutition (encore une fois, observez bien ! c’est sensible), vous appuyez avec un « C’est biiien tu arrêtes ». Il aboie à nouveau ? Pas grave, on recommence le même enchaînement. Vous verrez que petit à petit, il réagira de plus en plus facilement à votre « Tu arrêtes ? ». Il faudra alors maintenir l’attention (et l’arrêt de l’aboiement) à coup de « C’est biiien tu arrêtes. Ouiii, c’est biiien loulou, tu arrêtes ». Puis, avec un petit bruit de bouche, vous l’attirerez à vous pour le féliciter et l’emmener ailleurs (ben oui, faut pas tenter le diable non plus, hein!).
N’utilisez pas le « Tu arrêtes ? » quand les aboiements sont en mode furie. Laissez aboyer un peu donc, puis guettez THE moment où vous pourrez glisser le « Tu arrêtes ? »
Vous pourrez plus tard, quand le « Tu arrêtes ? C’est biiien tu arrêtes» sera acquis, l’ utiliser dès que vous voyez que loulou va démarrer au quart de tour, en prévention.

Pour conclure, vous remarquerez que pour traiter ce souci d’aboiement, je ne propose que très peu (voire pas du tout) d’utiliser la récompense alimentaire. En effet, celle-ci n’est pas forcément nécessaire dans le travail demandé dans chaque cas de figure, mais en plus, elle risque de vous faire mettre en place involontairement ce qu’on appelle une chaîne de comportements non souhaitée. Le chien aboie, on l’appelle, on donne une friandise et il repart et même programme sans cesse. Le chien n’a pas compris ce qu’on voulait. De plus, la friandise a aussi le don d’augmenter son excitation donc, le risque d’aboiements.

Voilà, au boulot maintenant ! Et ne vous découragez pas au bout de 2 séances, cela met des semaines !

Pas de baguette magique encore une fois, mais de la réflexion sur les causes, de l’observation, de l’anticipation et du travail.

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